Mesdames et Messieurs, Chers compatriotes,
La disparition du Président Omar BONGO ONDIMBA a plongé notre pays dans une profonde tristesse. Chacun, â un titre ou â un autre, s'est senti orphelin de ce grand homme qui a dirigé ce pays comme un vrai chef africain: tantôt père, tantôt frère, tantôt ami. Il était tout cela pour nous.
Dans un élan de ferveur générale, nous lui avons tous rendu un hommage mérité. Qu'il repose désormais en paix!
Notre pays est donc à un tournant décisif de son Histoire; Histoire commencée depuis l'Indépendance avec LEON MBA d'abord, puis OMAR BONGO ONDIMBA.
Chacun de ces illustres personnages a apporté, selon le contexte, sa pierre à l'édification de la nation gabonaise.
Aujourd'hui, il nous revient de continuer cette œuvre exaltante, dans un contexte national et international en pleine mutation, qui comporte des enjeux nouveaux et nous confronte â des défis nouveaux.
En effet, au plan national, nos pères fondateurs ont eu le mérite de nous avoir légué un précieux héritage: un Etat connu et reconnu â travers le monde et des Institutions qui fonctionnent. De plus, dans une Afrique secouée par des conflits divers, souvent armés, le Président BONGO ONDIMBA s'est investi des années durant pour sauvegarder la paix au Gabon. Cet héritage inestimable constitue le socle sur lequel nous sommes appelés à écrire une nouvelle page de l'Histoire de notre pays, afin d'impulser une dynamique nouvelle.
En s'abstenant de désigner un dauphin pour lui succéder, le Président BONGO ONDIMBA nous a laissés le soin de choisir en toute liberté, en toute conscience, la personne capable de diriger ce pays dans un contexte extrêmement difficile, voire dangereux.
En effet, même si beaucoup a été fait, la situation socio-économique de notre pays demeure préoccupante. Dans de nombreux domaines, nos performances sont restées en deçà de nos espérances, du moins si l'on considère le volume de ressources que nous avons engrangées, et si nous nous comparons à d'autres pays a revenu intermédiaire.
Près de 60% des gabonais vivent en dessous du minimum vital; le taux de chômage avoisine les 20%, soit une personne par famille au moins, et seuls 2% de la population profitent réellement des richesses de notre pays.
Ce bilan a été fait par le Président Omar BONGO ONDIMBA lui-même dans des termes sévères, il y a à peine deux ans, lors de la célébration de ses 40 ans de pouvoir. A cette occasion, il nous exhortait déjà â changer de vision. N'est ce pas? Nous devons considérer ce discours testament comme un aiguillon pour l'avenir.
Au niveau international, la mondialisation est en train de façonner une nouvelle ère des relations entre des nations, ère qui nous oblige, si nous voulons sortir du sous¬développement, à construire des ensembles sous¬régionaux plus dynamiques, tout en initiant plus que par le passé un partenariat « gagnant-gagnant» avec tous nos amis. Ce nouvel environnement international porteur d'espoirs exige cependant la maîtrise des nouvelles technologies, l'amélioration de notre capital humain, le goût du travail, la bonne gouvernance, le sens de la responsabilité, et de l'équité.
Mesdames et Messieurs, Mes Chers compatriotes,
J'apprécie que chacun reprenne son droit à la parole, son droit de choisir; cela traduit, à n'en point douter, l'immense soif de changement des Gabonais, longtemps contenue par réalisme, mais qui remonte aujourd'hui à la surface, parce qu'ils sont en mesure d'ouvrir une nouvelle et belle page de l'Histoire de notre pays.
Je dis que c'est possible ensemble.
Lorsqu'en 1990, alors que j'étais Gouverneur de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale à Yaoundé, le Président Omar BONGO ONDIMBA me proposa de diriger le gouvernement de transition au sortir de la Conférence nationale, dans un climat d'incertitude, de heurts, de crise politique, économique et sociale, je puis vous dire qu'il fallait quelque courage, le souci de l'intérêt général, et peut-être une certaine candeur pour laisser derrière moi une situation professionnelle stable et confortable.
A ce moment, j'avais fait le choix du ˝Gabon d'abord ", le choix de l'intérêt supérieur de mon pays avant mes intérêts personnels.
La situation politique qui prévaut dans notre pays aujourd’hui, me rappelle étrangement les années 90. Il faut donc dans ce contexte que les Gabonaises et les Gabonais se donnent un chef capable de fédérer, de rassurer l'ensemble des forces vives de la nation et leur donner un espoir pour construire avec eux et pour eux, un Gabon dans lequel chacun, à sa place, se reconnaît dans la marche générale du pays et dans son développement.
Le Parti Démocratique Gabonais, mon parti, a procédé aux arbitrages dans des conditions discutables et très contestées, une fois rendus publics. Je le dis sans amertume, et je ne suis pas le seul.
Fortement marqué par l'héritage commun que le Président Omar BONGO ONDIMBA nous a laissé, m'inscrivant dans cette continuité sans rejeter les inflexions nécessaires et fort de mon expérience acquise à ses cotés d'une part, pressé d'autre part par les nombreux appels venant des Gabonais de toutes catégories sociales du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest et même de l'étranger d'autre part, j'ai le devoir impérieux de me mettre au service de mon pays, au service des Gabonaises et des Gabonais.
C'est pourquoi, je déclare ce jour, ma Candidature à la Présidence de la République.
Je veux être le candidat du vrai consensus, c'est-à-dire dépassant les clans constitués sur la base de rentes viagères assurées par la hiérarchie du PDG et par l'Etat. Je veux être le candidat qui s'inscrit au-delà des clivages partisans. J'invite les Pédégistes du Bureau politique, du Conseil national, du Comité Central et tous les militants de base marginalisés dans le processus de désignation du candidat du PDG à me rejoindre.
J'associe à cet appel les ONG, les citoyens libres de la société civile, tous les compatriotes convaincus comme moi qu'un Gabon libre, prospère et respecté est possible.
Avec tous, ensemble, nous bâtirons un projet porteur, susceptible de redonner l'espoir à nos compatriotes. Nous élaborerons ensemble un programme de gouvernement fondé sur les aspirations de nos concitoyens, sur nos convergences, et en tenant compte de nos ressources réelles.
Le Gabon a des atouts évidents, des potentialités énormes. Il nous faut simplement rationaliser la gestion, pratiquer la bonne gouvernance à tous les niveaux, afin de garantir â chaque Gabonaise et â chaque Gabonais le fruit de son travail.
Conscients des défis que nous devons relever ensemble, je vous invite tous à « être Gabonais autrement ».
Etre Gabonais autrement, c'est se conformer aux valeurs de la République;
Etre Gabonais autrement, c'est accepter nos différences pour en faire des apports fécondants, c'est dépasser nos égoïsmes ;
Etre Gabonais autrement, c'est rompre avec l'esprit de facilité, de complaisance, et faire son travail avec application et professionnalisme;
Etre Gabonais autrement, c'est finir avec la corruption;
Etre gabonais autrement, c'est respecter nos valeurs traditionnelles, notre culture, enrichies de la modernité;
Etre Gabonais autrement c'est participer à la production, aux fruits de la production et à la prise de décision;
Etre Gabonais autrement, c'est avoir un emploi, un logement décent, pouvoir se soigner convenablement et être bien formé;
Etre Gabonais autrement, c'est vivre en sécurité, se sentir protégé et être en paix avec les autres et avec Soi même;
Etre Gabonais autrement, c'est penser, agir, vivre '" Gabon d'abord ".
Un tel défi dépasse, vous vous en doutez, le cadre restreint d'un seul parti politique. Les exemples dans le monde, en France notamment et aux Etats Unis d'Amérique, montrent la nécessité de dépasser des cadres réducteurs comme l'ethnie, l'appartenance à un parti ou â une association philosophique ou religieuse, dans le choix des personnes pouvant nous arrimer au train de l'histoire. Seules la capacité, la probité morale et intellectuelle doivent compter.
J'invite donc toutes les gabonaises et tous les gabonais à se rassembler autour de ces idéaux, afin de prendre le train de l'histoire.
Gabonaises, Gabonais, la pauvreté n'est pas une fatalité. Ensemble mobilisons-nous pour faire de ce pays, "un pays oû il fait bon vivre ".
M'adressant particulièrement aux jeunes, l'heure est venue pour vous de prendre en main votre avenir. C'est vous, qui demain, allez être confrontés à la concurrence internationale; c'est vous, qui demain encore, risquez de tout perdre parce que vous n'aurez pas fait le bon choix, en votant utile. Vous devez plus que jamais, être en phase avec le monde moderne. Vous ne devez pas évoluer â contre courant de l'histoire. C'est en tant que père, un père responsable que je m'adresse â vous. L'esprit de facilité, l'illusion d'une richesse facile sans travail, sans effort, la perversion des mœurs, ne peuvent nullement vous préparer à ce monde de demain.
Je sais que vous avez du talent. Je crois en votre potentiel et je mettrai toute mon énergie à la concrétisation de vos espérances. Il n'y a pas de sots métiers. Les jeunes chômeurs doivent pouvoir s'intégrer, après des stages ou des formations pratiques, au monde du travail. C'est pourquoi la nouvelle école gabonaise que je m'engage à réaliser sera en même temps, plus technique, plus professionnalisante, afin de diminuer le taux de déperdition. De même, l'Université devra être plus citoyenne, en constante relation avec l'entreprise. Nos universitaires vont être dorénavant au centre même de ma stratégie de développement.
A vous Femmes gabonaises, vous êtes dans nos traditions le symbole et la source de la richesse de la collectivité. Vous avez une responsabilité énorme dans la construction de ce Gabon nouveau. Malheureusement, force est de constater que vous demeurez économiquement et socialement les plus vulnérables. Je vous invite donc à vous mobiliser avec moi, pour qu'ensemble nous puissions définitivement améliorer vos conditions d'accès à l'éducation, à la formation, a l'emploi, à la santé, et à une meilleure prise en compte de votre apport dans le développement de notre pays.
A vous travailleurs et hommes d'affaires, vous êtes les artisans de la richesse de ce pays. Vos efforts, votre créativité doivent être rémunérés à leur juste valeur. C'est pourquoi Je préserverai la liberté du travail, la liberté d'entreprise tout en tenant compte des contraintes écologiques. Au sein des entreprises, des administrations une attention particulière, et j'y tiens, sera dorénavant porté sur les handicapés. Un certain nombre de postes leurs seront prioritaire ment accordés.
A vous Retraités, vous avez dignement servi la Nation, il est nécessaire que votre pension soit fonction de vos revenus d'antan. J'annonce à cet effet une refondation totale de la sécurité sociale des Fonctionnaires, et la poursuite des réformes entreprises à la CNSS. Dans des domaines spécifiques, notamment la santé, l'enseignement, l'Etat continuera désormais de profiter de l'expérience et du savoir faire des retraités par des contrats de consultants ou de vacataires.
Gabonaises, Gabonais, chers compatriotes, ensemble, nous pouvons construire ce Gabon nouveau.
Que Dieu nous guide dans cette œuvre exaltante !
Je vous remercie.